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Le blogue de Georges Bleuhay le poète de Méry-sur-Ourthe

Un agenda tragique - JEUDI 3 FÉVRIER

11 Février 2018 , Rédigé par Georges Bleuhay Publié dans #Nouvelle

J’ai dormi par à coup, Odette poussant de cris de douleur en plus de ses gémissements, toute la nuit, malgré le somnifère pris en plus. J’ai les nerfs à vif. Je téléphone au médecin pour lui demander de passer au plus tôt. Odette gît sur le lit comme une poupée brisée. Je dois l’aider à prendre la position assise, car elle n’a même plus la force de se redresser avec l’aide du perroquet. Elle ne veut même plus manger la petite tartine que je lui ai préparée et refuse même la tasse de lait chaud.

L’infirmière est passée pour les soins journaliers. Elle prend beaucoup de précautions en la manipulant lors de sa toilette. Odette proteste d’une voix faible, car elle ne supporte plus qu’on la manipule. Je vois ses bras et ses jambes. L’on voit les os sous la peau comme s’il n’avait plus de chair.

Onze heures, le médecin vient de passer. Il renouvelle le baxter de morphine et me dit que cela devrait calmer ses douleurs, la mettant dans un état de somnolence. Je ne dois pas la forcer juste lui faire boire de l’eau. J’hésite à la quitter pour sortir le chien de peur de ne pas être auprès d’elle au cas où elle aurait besoin de moi. Ce qui me fait beaucoup de peine, c’est une apparente indifférence vis-à-vis de moi. Sans doute une perte d’intérêt et de lucidité due à l’influence de la morphine. Ses yeux ne me demandent plus mon aide, mais contiennent toute la douleur du monde.

Avec l’avancée de la soirée, elle sombre dans une somnolence, mais continue à émettre une plainte d’animal blessé qui n’en finit pas. Je me couche dans le divan et coupe la lumière. C’est une atmosphère étrange qui s’installe dans la semi-obscurité. J’ai des idées de suicide qui hantent mon cerveau. En finir avec cette peur, cette angoisse, cette attente de la fin de sa vie qui est aussi la fin de la mienne. Mais je ne peux pas, elle a besoin de moi et je ne peux l’abandonner. C’est le comble, je me sens agoniser alors que c’est elle qui est en train de s’en aller. J’en suis à me dire qu’aimer est une malédiction !

 

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