Lettre à un Wallon de Bruxelles par Bernardino Fransousky
La Wallonie est, sur le long terme, un objectif économique, géopolitique, et idéologique obligé pour le Mouvement Flamand, même si celui-ci n'est pas assez fou pour en revendiquer le territoire de manière ostensible. Toutes les apparences seront préservées en Wallonie mais la réalité chaque jour un peu moins, hélas! Le reste, les siècles s'en chargeront. Le mouvement Flamand est séculaire. Ce n'est pas la moindre de ses forces. Toute une série de "détails" parfaitement observables conduisent à cette analyse.
Le système économique et politique Flamand préférera utiliser le fait Wallon à son profit, tout en le laissant géré par un appareil politique et administratif francophone inféodé malgré lui à la Flandre. Mais la Flandre accordera, en échange, une accréditation officielle de la " Nation Wallonne" que les siècles passés ne portèrent pourtant pas sur les fonds baptismaux. Séduire les Wallingants indépendantistes tout en les assujettissant économiquement est donc une des priorités des Flamands en Wallonie.
En réalité, la Flandre nous propose déjà une sorte d'apartheid soft, et voit dans la Wallonie, une réserve de main d'œuvre et de PME bon marché contrôlés par des sociétés Flamandes.
Tel est le piège tendu à la fois à la Wallonie, à Bruxelles et à la République Française. Pour l'instant, l'étranglement programmé de la Wallonie est tout entier dédié:- au maintien du découplage politique des Wallons et des Bruxellois face à un prédateur commun dont ils n'ont pas vraiment conscience.- à l'annexion de Bruxelles, ruinée, à la Flandre condition de relâchement informel et provisoire de l'étau financier . .
En d'autres termes, il est probable que la diminution drastique des transferts en faveur de la Wallonie, aura pour conséquences implicites : a) faire chuter le Ps et laisser s'installer un régime et un parti unique "de Renouveau " politiquement "correct" et très "dur", probablement encouragé par certains responsables de l'Armée . (Delcourt) b) une fiscalité déloyale et discriminée entre Flandre et Wallonie entretenant l'inféodation de cette dernière à la Flandre, dans un cadre Konfederaal imposé par la force d'un introuvable ou fantoche gouvernement Fédéral. ( Nous y sommes presque)
En résumé et je reprendrai mot pour mot le diagnostic d'Olivier Maingain: " tous les avantages de l'indépendance Flamande sans en avoir les inconvénients."
Une fois Bruxelles transformée en Brussel, il y a de très fortes chances que Brussell, c'est-à-dire les Bruxellois, prenne à se charge l'entièreté des transferts vers une Wallonie soigneusement discriminée en matière d'infrastructures, d'éducation et de formation.. Tout cela ne coûtera rien ou presque à la Flandre qui doit maintenir son avantage structurel sur la Wallonie. Brussel est une ville-symbole, une poule aux œufs d'or que les Flamands convoitent mais qu'ils n'aiment pas.
J'ajoute qu'à l'heure où nous parlons, il n'y a plus " d'ultranationalistes Flamands ", il n'y a que des "patriotes" Flamands en concurrence solidaire pour la conquête de leur pré carré national.
Peu importe, pour eux, les apparences, (Konfederaal, indépendance officielle) ce qui compte c'est le fond, comme en témoigne leur politique séculaire de petits pas ponctués de coups de force et d'effets de cliquets à l'encontre de Francophones médusés qu'ils considèrent ouvertement comme des rats stupides et cupides qu'il faut repousser perpétuellement et coincer avec les moyens les plus retors.
Si je peux me permettre ce dernier commentaire, la première des prises de conscience à accomplir dans le camp francophone, accompagné du travail de deuil que nous devons TOUS faire, Belges ET Français, c'est d'admettre une bonne fois pour toutes, que les Flamands ne pensent pas comme nous, qu'ils n'ont pas le même référentiel, et n'ont pas les mêmes conceptions de la démocratie.
La leur repose sur la "sacralité" de l'antique solidarité tribale, clanique, de Terroir et de filiation, celui de la Germanie des temps obscurs, celui du massacre d'Arminius dont ils revendiquent implicitement le modèle stratégique ! Même si cela peut paraître "farfelu". ( Le couloir de Rhodes Saint Genèse et la forêt de Soignies c'est leur forêt d'Arminius. C'est ici qu'ils entendent défaire une bonne fois pour toute la Romanité Belge, cet insupportable affront existentiel ) Par conséquent seule la contrainte la plus stricte forcera la Flandre à concéder une continuité territoriale en Bruxelles et Wallonie. Cette force, les Bruxellois en disposent-ils géopolitiquement ? Et sinon comment peuvent-ils l'acquérir ? Tout est là.
Tous les Peuples ont leur défaut , mais malheureusement pour nos Flamands, les leurs ne peuvent trouver de transcription acceptable dans l'occident démocratique d'aujourd'hui. Et ils le savent. Ils savent aussi qu'il est trop tard pour reconfigurer la dynamique du mouvement Flamand sur d'autres bases. On ne referme pas la boîte de Pandore.Par conséquent, toute tentative pour les amadouer en les invitant à cheminer dans un dédale institutionnel sans cesse "rebricolé" contre un peu d'argent provisoire, n'aura pas plus d'effet sur la "colère" flamande que les accords de Munich sur une autre fureur . Que du contraire, les faits démontrent que cela exacerbe ce qu'il faut bien appeler la fureur flamande à l'égard des "franse raten".
Si l 'on veut arriver à une situation à la yougoslave, alors oui, il faut continuer sur la voie de l'extorsion de droits définitifs contre de l'argent provisoire, dans l'attente d'un apaisement miraculeux qui ne viendra jamais.Les dernières manœuvres militaires en Belgique, les déclarations du général Delcourt, donnent une idée assez juste de ce à quoi nous pourrions être confrontés. Et pendant ce temps la note de la dette Belge se dégrade les taux d'intérêt du refinancement grimpent, grimpent...
Monsieur , l'apaisement de la Flandre s'appelle Brussel et Belgïe.
Car le fait francophone en Belgique est désormais inassimilable pour le Peuple Flamand dans son ensemble.Nous ne sommes plus , hélas! confrontés à une élite flamingante comme autrefois, mais à toute une Nation instrumentalisée et dressée, sans qu'elle le sache, pour l'évaporation du fait francophone de Belgique par les moyens les plus retors. C'est ce qui lui tient de mythe fondateur et de cohésion sociétale. Mais les intéressés n'en savent rien.
Voilà, je le crains, l'atroce vérité.
Notre siècle vient d'accoucher de la plus grande catastrophe financière de tous les temps, Antiquité comprise.Le sol occidental se dérobe sous nos pas. En Europe, et en Amérique les chômeurs se comptent par dizaines de millions et la très grande majorité des États sont en situation de cavalerie budgétaire impossible à freiner sans une forte croissance qui ne viendra jamais. Car elle est ailleurs et nécessite d'autres règles que celles que nous nous sommes imposées.
Il est donc illusoire, en particulier pour les Bruxellois, d'espérer que la "crise" des finances publiques aiderait à résoudre les conflits qui font rage en Belgique.Il est vain de voir dans les institutions financières françaises une ligne Maginot contre l'hybris du Peuple Flamand et un rempart pour, une Bruxelles qui se trouve, de fait, en état de siège . Les banques n'ont aucune vision politique et ne cherchent qu'une chose: collecter l'épargne. D'où qu'elle vienne. A-t-on jamais vu, depuis l'Antiquité, les financiers libérer des peuples opprimés ?....
Seuls les Peuples peuvent briser leurs chaines ! Et quand ils ne le peuvent pas seuls, ils font appel à d'autres Peuples frères.
En attendant, il est inutile que certains Bruxellois se voient encore comme des "intercesseurs surdoués des deux cultures" et comptent continuer de prospérer sur ce terreau-là. Cette époque est révolue!
La "Commune de Bruxelles" devrait-elle donc se rendre aux "Versaillais" et aux "Prussiens" de Belgique. ? Non ! Et non ! L'annexion de Bruxelles par la Flandre et l'assujettissement de la Wallonie ne sont pas une fatalité !
Pourvu que les Bruxellois, et les Wallons, acceptent, enfin ! de faire un choix déchirant et de le proclamer haut et fort par une série d'actes fondateurs. Personne ne le fera à leur place !
Pour les Bruxellois, ce choix c'est, très bientôt, de devenir "Germains" (de seconde zone) ou de se proclamer publiquement, sans ambiguïté et massivement "Romains" de plein droit. Avec les conséquences que cela entrainera.
Il n'y a pas d'autre remède hélas, je vous l'assure.
Aux Bruxellois de faire entendre leur "voie". Leur temps est compté.