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Le blogue de Georges Bleuhay le poète de Méry-sur-Ourthe

CONFIDENCE D'UN CHANCEUX

7 Septembre 2019 , Rédigé par Georges Bleuhay

Le poète et son égérie, Odette en 1963


Ce soir-là, elle ouvrit la porte et je fus frappé de stupeur devant son apparition. Invité à entrer dans son petit salon, elle m'invita à m'asseoir dans le canapé dans l'attente de l'arrivée de son mari, médecin parti faire ses dernières visites de patients dans le village. Après quelques banalités échangées sur les études et mes goûts, pour rompre un silence devenu pesant, elle mit un disque de Michèle Arnaud sur son petit Teppaz. C'était son dernier achat de quarante-cinq tours. Un silence religieux s'établit entre nous, une atmosphère bizarre et trouble se fit tandis qu'elle remettait plusieurs fois la même plage du disque et en se levant pour le faire, je voyais une déesse, une créature merveilleuse qui me coupait le souffle.

Les paroles finales de la chanson « Mais c’était déjà deux enfants durcis, que le vie déjà broyait sans merci, qui ne croyaient plus n’avoir à se dire que les mots des grands, qui
ne savaient plus, ni rêver, ne rire. Cœurs indifférents ... » tournaient dans ma tête, tourmentaient mon âme, brûlaient mon cœur d’adolescent.

C'est le souvenir d'une soirée qui détermina toute ma vie. J'avais quinze ans et elle vingt-trois printemps. Le lendemain, lors d’une promenade le long de la Meuse à Huy, nous nous couchâmes sur l’herbe tendre de son rivage, baignés d'un soleil printanier et chaud. Mon cœur explosa lorsque je connus mon premier vrai baiser. Un baiser fou, une explosion nucléaire, un raz-de-marée, un monde qui bascule !

Ce fut le début d’une histoire chaotique où les regards étaient complices, les caresses furtives, les amants s’étreignant dans le porche désert des églises ou profitant d’une nature complice pour fondre leurs désirs dans une communion extatique. Elle devait mal se finir et ce fut le cas après plus d’un an d’amour fou, le mari et la société étant là pour interrompre cette ardente passion .

Mais Cupidon sait être salvateur et permit la rencontre plus tard, quelques années passées, au hasard d’une rue, des amoureux dont le cœur déchiré ne cicatrisait pas d’une rupture trop brusque et cruelle. Et la suite? ... Quarante-huit années d’amour intense, fou dans un bonheur toujours renouvelé jusqu’à une nouvelle séparation atroce et définitive que la faucheuse m’infligea !

Telle est mon histoire. À la veille de mon grand départ , je la livre à cette grande commère qu’est Internet, comme une confession qui témoigne que l’amour est un don des Dieux et que celui qui en est frappé, est un privilégié à une époque où la sexualité est débridée et où l’âme se dessèche au fur et à mesure des rencontres faites à la recherche d’un trésor inaccessible !

Georges Bleuhay - en attente de publication - Tous droits réservés

Le poème inspiré par mon amour

 

Huy la ville de mon premier amour

Te souvient-il encore mon doux amour
De ce trouble qui s’empara de nous
Lors de notre rencontre de ce premier jour
Où l’échange d’un regard nous rendit fous

Sur l’herbe tendre nous nous allongeâmes
Riant comme savent le faire les enfants
Et déjà nous unissions nos âmes
Tu le savais et j’étais innocent

Las, mes quinze ans me rendaient hésitant
Bien que de t’embrasser j’avais l’envie
Pensez donc une dame de vingt-trois ans
Mon esprit criait c’est de la folie

Aussi tentais-je d’être indifférent
Pouvais-je ignorer l’appel de tes yeux 
Je le jure cela ne dura pas longtemps
Devant ton air moqueur je prenais feu

Alors tu te mis à me taquiner
D’un brin d’herbe me chatouillant l’oreille
Si tu continues je vais t’embrasser
Osais-je te dire quelle merveille

De ma vie ce fut le premier baiser
Un mélange de tendresse et de fureur
Je sentis mon corps se mettre à trembler
J’étais un homme et je n’avais plus peur

Comment oublier ce moment sacré
Où naquit cette profonde passion 
Chérie tu ne m’as jamais plus quitté
Plus de cinquante ans dura notre union

Tu vois j’ai toujours la nostalgie
De cette après-midi en bord de Meuse
Et bien que de ma vie tu sois partie
J’en aurai une vision heureuse

Ô Huy cité de mon premier amour
Des églises où nous nous sommes cachés
Je garderai en souvenir toujours
De tes ruelles la tendre complicité 

Georges Bleuhay - Le cœur marigot - Edilivre Paris 2015

La chanson inoubliable sur Youtube

 

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