Vivre au fil de l’eau
Jaillissant comme la source
Je suis né un jour de printemps
Et j’ai commencé la course
Qui me conduirait au néant
D’abord me frottant aux galets
Je connus les premiers frissons
En quittant ma douce forêt
Vers l’inconnu de l’horizon
Ma jeunesse devint un ruisseau
À l’eau fraîche et turbulente
S’écoulant parmi les roseaux
En des courbes hésitantes
Au temps de l’adolescence
Mon onde devint rivière
J’oubliai ma tendre enfance
Le cœur ivre de colère
Malade de la pollution
De ce monde à la dérive
Je noyais dans mes tourbillons
L’indécence de ses rives
Devenu un fleuve puissant
Je m’avançais vers mon destin
Sage mais toujours combattant
Ignorant la fin du chemin
Fêtant mes quatre-vingt-cinq ans
Ma peur augmente désormais
À l’approche de l’océan
Qui va m’absorber à jamais
La nature est éternité
Et vit de la renaissance
En des cycles bien ordonnés
C’est là toute sa puissance
Deviendrais-je goutte de pluie
Pour naître en onde légère
Recommençant une vie
En jaillissant de la terre
Mais je vis encore aujourd’hui
Aussi je veux en profiter
Et oublier tous mes soucis
J’ai déjà beaucoup tant pleuré