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Le blogue de Georges Bleuhay le poète de Méry-sur-Ourthe

TOUSSAINT 2020

27 Octobre 2020 , Rédigé par Georges Bleuhay Publié dans #Nouvelle

Mon aimée, mon Odette chérie, me voilà dans un triste état physique qui ne me permet pas de venir te fleurir cette année encore pour ma plus grande désolation...et pourtant le miracle s'est accompli grace à la compassion de mon infirmière Myriam qui voyant ma peine m'a proposé de le faire à ma place. La photo qu'elle a prise de la tombe m'a permis de me rapprocher de toi un peu plus encore que dans mes pensées journalières. Je ne puis que saluer ce geste généreux avec reconnaissance !

Et le souvenir de ce mois d'avril 1954 où le miracle qui allait bouleverser toute ma vie se produisit, me revient en rappel de tous les jours heureux que tu m'as offerts..
Quelle torture que de ne pouvoir revenir en arrière pour revivre ces moments de bonheur intense.

"Ce soir-là, elle ouvrit la porte et je fus frappé de stupeur devant son apparition. Invité à entrer dans son petit salon, elle m'invita à m'asseoir dans le canapé dans l'attente de l'arrivée de son mari, médecin parti faire ses dernières visites de patients dans le village. Après quelques banalités échangées sur les études et mes goûts, pour rompre un silence devenu pesant, elle mit un disque de Michèle Arnaud sur son petit Teppaz. C'était son dernier achat de quarante-cinq tours. Un silence religieux s'établit entre nous, une atmosphère bizarre et trouble se fit tandis qu'elle remettait plusieurs fois la même plage du disque et en se levant pour le faire, je voyais une déesse, une créature merveilleuse qui me coupait le souffle.

Les paroles finales de la chanson « Mais c’était déjà deux enfants durcis, que le vie déjà broyait sans merci, qui ne croyaient plus n’avoir à se dire que les mots des grands, qui
ne savaient plus, ni rêver, ni rire. Cœurs indifférents ... » tournaient dans ma tête, tourmentaient mon âme, brûlaient mon cœur d’adolescent.

C'est le souvenir intense de la une soirée qui détermina toute ma vie. J'avais quinze ans et elle vingt-trois printemps. Le lendemain, lors d’une promenade le long de la Meuse à Huy, nous nous couchâmes sur l’herbe tendre de son rivage, baignés d'un soleil printanier et chaud. Mon cœur explosa lorsque je connus mon premier vrai baiser. Un baiser fou, une explosion nucléaire, un raz-de-marée, un monde qui bascule !

Ce fut le début d’une histoire chaotique où les regards étaient complices, les caresses furtives, les amants s’étreignant dans le porche désert des églises ou profitant d’une nature complice pour fondre leurs désirs dans une communion extatique. Elle devait mal se finir et ce fut le cas après plus d’un an d’amour fou, le mari et la société étant là pour interrompre cette ardente passion.

Mais Cupidon sait être salvateur et permit la rencontre quelques années plus tard, au hasard d’une rue, de deux amoureux dont les cœurs déchirés ne cicatrisaient pas d’une rupture trop brusque et cruelle. Et la suite? ... Quarante-huit années d’amour intense, fou dans un bonheur toujours renouvelé jusqu’à la nouvelle séparation atroce et définitive que la faucheuse m’infligea !

Telle est l'histoire merveilleuse de ma vie . À la veille de mon grand départ, je la livre à cette grande commère qu’est Internet, comme une confession qui témoigne que l’amour est un don des Dieux et que celui qui en est frappé, est un privilégié à une époque où la sexualité est débridée et où l’âme se dessèche au fur et à mesure des rencontres faites à la recherche d’un trésor inaccessible !

René G. Thirion alias George Bleuhay 


 

 

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