Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blogue de Georges Bleuhay le poète de Méry-sur-Ourthe

Un agenda tragique - MERCREDI 2 FÉVRIER 2011

10 Février 2018 , Rédigé par Georges Bleuhay

Après une nuit de demi-sommeil, aux aguets du moindre gémissement de ma femme, en retournant sans cesse dans mon esprit une terrible interrogation, que vais-je faire quand elle sera morte ? Souvent, l’idée de l’inutilité de vivre encore sans sa présence m’est venue à l’esprit. Cette nuit, elle ne m’a pas quittée. En plus, je suis courbaturé par ma position inconfortable dans le divan ?

Mais voilà qu’elle se réveille, mais a-t-elle seulement dormi. Je l’embrasse sur le front avec tendresse et lui demande comment elle se sent. Question idiote, je connais, je sais déjà sa réponse. Elle me répond qu’elle a de plus en plus mal, à chaque mouvement, à chaque respiration et que le « patch » de morphine n’atténue plus ses douleurs. Elle a les larmes aux yeux et moi aussi.

Odette a toujours été très sensible et réactive. Brusquement, elle me demande de m’asseoir sur le bord de son lit et de lui prendre la main. Ce que je fais. D’une voix faible, avec un regard suppliant, elle me dit « Je vais bientôt partir et je te demande de me jurer deux choses. Je l’assure que je respecterai ses souhaits. Elle me répond avec des sanglots dans la voix « jure-moi que tu resteras dans notre maison et que tu prendras soin de notre chienne jusqu’à sa fin ». Elle a compris la fine mouche les pensées qui s’agitent dans ma tête et comme elle sait que j’ai toujours respecté mes promesses, elle m’enchaîne au devoir de survivre après son départ. Elle répète ses propos. Je ne sais que répondre, mais je suis bien contraint de lui répondre que je le jure, la gorge nouée.

Le médecin est passé, la douleur étant trop forte il a décidé de lui administrer la morphine par « baxter » et après passage à la pharmacie, l’infirmière vient lui poser. Je prie le ciel pour que ce traitement agisse.

Mais voilà que l’on frappe à la porte d’entrée. Je vais ouvrir et me trouve face à une dame qui me déclare appartenir à un service d’aide morale aux malades en traitement palliatif et qui veut parler à ma femme. Je l’invite à entrer et elle se présente à ma femme qui éclate en pleurs, sa présence étant la confirmation à nouveau affirmée de sa fin prochaine. Le comble, elle me met à la porte de la pièce pour s’entretenir avec elle. Croit-elle qu’elle a des secrets à dévoiler ? Se prend-elle pour un confesseur ? Je rage et la vois partir en m’affirmant qu’elle ou une de ses collègues reviendra au début de la semaine prochaine.

La porte fermée, je retrouve ma femme dans un désespoir profond. Sa peur est multipliée par cent. Mais que puis-je lui dire pour l’apaiser un peu. Rien, il n’y a rien à lui dire. Lui parler de courage, d’espoir, c’est impossible !

Le soir venu, il me semble que la morphine fait de l’effet. Cela me rassure et, après avoir fermé la lumière et laissé seulement la lampe de chevet qui donne à mes yeux un éclairage funèbre, je regagne mon divan pour tenter de dormir un peu, mais malgré ma fatigue le sommeil ne vient pas !

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article